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Les trésors de la SIMSpeculum Cornelianum

In sich haltent viel artiger Figuren betreffent das Leben eines vermeynden Studenten…

Le Speculum Cornelianum, littéralement “Le miroir de Cornelius”, est un petit ouvrage finement gravé qui illustre la vie de l’étudiant Cornelius à Strasbourg au début du XVIIe siècle. Peu d’oeuvres traitent de la vie étudiante de cette époque : cet ouvrage est donc une mine d’or de renseignements sur les coutumes du monde universitaire des XVIe-XVIIe siècles. Ici et là apparaît un autre type de planches qui représentent les principaux péchés capitaux sous forme d’allégories.

Cette œuvre satirique sous sa forme illustrée un grand succès. Elle comporte 57 planches gravées en taille-douce par Jakob van der Heyden : cette nouvelle technique – inventée au XVIe siècle – permet de rendre les textures à merveille, ce qui va lui assurer le succès pour les siècles à venir. Chaque gravure est légendée : le texte est soit en latin, soit en allemand, soit comporte les deux langues, avec un contenu plus ou moins équivalent, sous forme d’allégories, dans la tradition des livres d’emblèmes.

Cornelius est en fait le héros d’une satire écrite en 1600 par Albert Wichgreve : elle retrace le parcours d’un étudiant qui échoue lamentablement en s’adonnant à tous les plaisirs que peut offrir la vie universitaire, loin du foyer familial dont il dilapide l’argent. Notre oeuvre retrace de nombreuses étapes de ce rite initiatique : on le voit quitter sa famille, assister au discours du doyen… et succomber à sa nouvelle liberté, c’est-à-dire aux jeux, aux femmes – une gravure le représente rencontrant son enfant illégitime – et à la boisson … ce qui entraîne des duels et des blessures. Preuve que l’histoire se déroule à Strasbourg, on reconnaît sa cathédrale sur plusieurs planches, comme ci-contre.

Certaines gravures sont toutefois très étonnantes… et font quasiment penser à un manuel de torture médiévale ! Il ne s’agit toutefois que d’une cérémonie de bizutage habituelle à l’université de Strasbourg, le ritus depositionis. La première planche reproduite au recto montre les étudiants novices déguisés – afin de les distinguer des « anciens » – se plier à ces étranges rites de passage, sous le regard des maîtres de cérémonie assis à droite. Rassurez-vous : la hache brandie au-dessus des deux étudiants couchés n’avait pour autre fonction que de les “dégrossir” symboliquement de leurs vices d’enfants !

Passons aux allégories de péchés capitaux, que l’on peut distinguer du reste grâce aux légendes sur la planche-même qui nomment les allégories. Plusieurs planches figurent des être/animaux hybrides, comme ces deux créatures : la colère (ira) et la paresse (pigritia). L’allégorie de la colère est un lion, dont l’énervement est symbolisé par des abeilles agitées tourbillonnant autour d’une ruche, et qui se blesse lui-même dans sa déraison. La Paresse, quant à elle, représentée par un lapin avec une patte de crabe, est trop fainéante pour se déplacer autrement que sur des roues et néglige ses tâches à accomplir.

Jeune héros très apprécié au XVIIe siècle, Cornelius nous offre encore de nos jours un aperçu de la vie estudiantine de l’époque à Strasbourg… en reste-t-il des traces ?